10 ans pour Qui es-tu Alaska ?, John Green en parle
Posté par : Tom janvier 25, 2015


Beaucoup disent que John Green a atteint un point culminant. Mais plus précisément, cela dure depuis 10 ans. Bien avant le succès du livre et du film Nos étoiles contraires, sa chaîne YouTube Vlogbrothers ou sa super campagne de levés de fonds, Project For Awesome, John Green était un écrivain en herbe qui cherchait un moyen de transmettre d’intenses émotions via une histoire. Exactement ce qu’il a fait avec Looking for Alaska (Qui es-tu Alaska ?), son premier roman pour jeunes adultes (Dutton 2005), qui gagna le Printz Award 2006, fut désigné Publisher Weekly Flying Start, et devint finalement un best-seller. Le mois prochain [NB : l'article a été publié en décembre] Dutton fête l’anniversaire du roman avec une édition spéciale 10 ans et une campagne marketing. “Je suppose que cela a commence à 2 endroits,” dit John Green, racontant les origines de l’histoire d’Alaska. « J’étais en internat dans la campagne d’Alabama, donc une grande partie de l’histoire est autobiographique. Deuxièmement, après avoir eu mon diplôme d’université [en 2000], j’ai travaillé comme étudiant aumônier dans une hôpital pour enfant pendant 6 mois. Je me suis senti inutile et en colère après cette expérience, et j’ai voulu écrire sur l’amour, le deuil et le pardon, et comment on peut avoir de l’espoir envers un monde marqué par l’ambiguïté et des questions auxquelles on aura jamais de réponse. »

Alors que ces grands thèmes mijotaient dans l’imagination de Green, il s’est consacré à son travail d’assistant éditorial chez Booklist à Chicago. « Je n’aurais jamais essayé d’écrire un livre si je n’avais pas travaillé là, » dit-il. « Un des éditeurs, Ilene Cooper, était aussi auteur. J’ai vu que de vraies personnes écrivaient des livres ; ils n’étaient pas écrits dans des tours d’ivoire. » John Green a confié à Cooper l’idée de son livre un jour pendant le déjeuner et elle l’a encouragé. « Mais je n’y ai pas travaillé avant fin 2001 » dit John Green. « C’est alors que j’ai eu l’idée de la structure avant-après. » Il a écrit son premier jet et l’a présenté à Cooper. « C’était 40 pages avec des interlignes à 1, écrit en 10 » remarque-t-il. Cooper a offert une lettre éditoriale détaillée et lui a servi de mentor tout au long des nombreuses versions du manuscrit. « Après une troisième version travaillée avec Ilene, elle l’a envoyé à Dutton, et 6 mois plus tard, j’avais un contrat d’auteur » raconte John Green. « C’était un jour grisant. C’était une toute petite avance – un contrat à 4 chiffres. Je me souviens être allé dîner le soir et avoir dépensé 2% de cette avance. »

A Dutton, le manuscrit de Green a par chance trouvé le bureau de Julie Strauss-Gabel. « J’étais à mon poste depuis environ un an, » se souvient Strauss-Gabel. « LE manuscrit ne venait pas d’un agent [via Cooper, qui avait publié beaucoup de livres avec Dutton] et il a été acheté [à l’été 2003]. Mon éditeur à cette époque [Stephanie Lurie] est venue et a dit « J’ai ce livre et je pense qu’il te correspond bien. Il s’appelle Looking For Alaska. » J’ai dit « Arrête tout de suite. Les histoires de survie, c’est pas mon truc.” Evidemment, Strauss-Gabel a vite découvert que l’histoire romantique et choc de Miles et Alaska n’était pas l’histoire de survie qu’elle avait imaginée. « La fiction YA contemporaine a mon plus grand intérêt et est ma plus grande passion » dit-elle. « On a eu de la chance d’être rassemblés », note-t-elle concernant son partenariat avec John Green. « On a eu de la chance que quelqu’un joue les entremetteurs.

Une des qualités qui a tout de suite interpellé l’éditrice de Green est son style. « Sa voix est impeccable, peu importe le nombre de changements ou d’evolutions qu’a subit le manuscrit » dit Strauss-Gabel. Elle se souvient d’une expérience forte plus loin dans le processus de correction. « Après la deuxième ou troisième correction, on était en janvier et je le lisais dans le train pour le Vermont », dit elle. « Au bout d’un moment, je me suis arrêtée et j’ai regardé par la fenêtre. Je pouvais sentir le temps s’arrêter. On ne trouve pas ce type de personne ou un talent pareil très souvent dans sa vie. D’avoir les deux est le plus heureux des accidents. Alors que la parution du livre s’approchait, elle créait du buzz. « c’était différent, spécial et magique dès le début », dit Strauss-Gabel. « Les gens dans la maison d’édition se souviennent quand ils l’ont lu pour la première fois. Alors qu’il passait de libraire en libraire, de bibliothécaire en bibliothécaire, on pouvait sentir que quelque chose de spécial était en train de se passer. Je pouvais voir les ondes qu’il provoquait chez Penguin et dans le monde de l’édition. C’était un livre dont je ne pouvais pas ne pas parler. » Penguin envoya John Green faire une tournée de diner avec les libraires à la sortie du livre pour créer un élan. « C’était énorme et merveilleux pour moi de rencontrer des libraires et qu’ils me confient ce à quoi ressemblait le paysage de la fiction YA pour eux », raconte-t-il. « Rencontrer les gens qui occupent une place centrale dans le succès d’un petit livre comme celui-ci, connecté personnellement, était un grand plaisir. Bien que Looking for Alaska a fait du bruit auprès des bonnes personnes assez tôt – des fans faisant des critiques élogieuses et passionnées – les ventes du livre ont débuté lentement. « Il s’est seulement vendu à quelques milliers d’exemplaires » dit Green. « Il se vendait bien dans les petites librairies mais pas dans les grandes chaînes. JE pensais ‘tous les gens que j’aime ont aimé ce livre ‘, et c’est tout ce que je voulais. J’étais très heureux. » Green trouvait ses attentes en terme de succès assez raisonable, disant « Chez Booklist, j’ai vu beaucoup de bons livres passer, des livres qui n’ont pas eu le public qu’ils méritent. Mon but était qu’il survive jusqu’à une réédition en poche. Puis vint la saison des prix. « J’étais comblé quand j’ai gagné le Printz » dit Green. « C’est probablement le plus pur moment de joie que j’ai vécu. Même quand mes enfants sont nés, ce n’était pas aussi brut et surprenant. C’est ce à quoi je pense quand je cours et que je veux m’arrêter de courir. Que les gens que je respecte tant lui ont attribué ce prix qui signifie tellement pour ce livre. Cela a changé sa trajectoire. Les ventes ont doublé, et encore doublé. Ce fut une année incroyable.” Les ventes se sont améliorées de manière constante, alors que John Green publiait ses autres romans, mais Strauss-Gabel souligne que Looking For Alaska n’est officiellement devenu un best-seller que 7 ans après publication, en 2012. « J’étais en réunion quand j’ai reçu un mail et vu qu’il était sur la liste des best-sellers pour la première. Je suis juste sortie de la pièce en courant » se souvient-elle. John Green se rappelle également ce moment. « Elle m’a appelé en pleurs » dit-il.

Alors que Looking For Alaska s’approchait de sa première décennie, Strauss-Gabel gardait toujours un œil dessus. « C’est un livre qui ne quitte jamais mon esprit » dit-elle. « Il est dans ma conscience tous les jours, donc j’étais très au courant il y a un an et demi que les 10 ans arrivaient. Nous savions que c’était important de marquer cette étape. » Strauss-Gabel dit que l’anniversaire présente « une opportunité de faire d’un beau livre, un encore plus beau livre. »

L'édition anniversaire du livre ! A découvrir d'urgence...
L’édition d’anniversaire, qui sortira le 13 janvier, dispose d’une nouvelle jaquette réalisée par Rodrigo Corral. « Je ne voulais jeter aucun éléments qui a rendu la couverture originale suggestive et iconique à sa façon. » dit Strauss-Gabel. « J’ai demandé à Rodrigo qu’elle soit exactement pareille mais totalement differente, et il a tout à fait compris ce que je voulais dire. A l’intérieur, le livre a été re designé, avec plus d’éléments entre les lignes de texte et avec beaucoup de contenu inédit. Green a écrit une introduction et une grande partie questions/réponses sur le livre. Michael Cart, le président du comité Printz en 2006, a contribué. L’édition spéciale contient également des scènes supprimées et jamais vues avant, datant du manuscrit original de 2003, accompagniées par un commentaire de Strauss-Gabel et Green. La campagne marketing pour l’édition du 10e anniversaire se concentre principalement sur les souvenirs des fans, du personnel de Penguin, des libraires et autres qui ont aidé à lancer le livre, en se souvenant où ils étaient lorsqu’ils ont rencontré Green à ses débuts. Le coup d’envoi a été donné à la conférence NCTE en novembre, où Penguin a distribué des badges « John Green and I Go Way Back (John Green et moi, c’est de l’histoire ancienne). Une grande part de la campagne marketing sera effectuée via les médias sociaux. Penguin lance un Tumblr Looking for Alaska pour servir de plaque tournante pour la création de contenu des fans s’inspirant du livre. Le 10 janvier, le AlaskaDay, proposera des images de fleurs blanches (une image clé du livre) sur Tumblr et sur tous les réseaux sociaux de Penguin Teen. Le 13 janvier, sous le thème premier amour, derniers mots, des créations proposant quelques dernières paroles utilisées dans le livre seront utilisés sur Tumblr et les autres réseaux sociaux. Et pendant tout janvier et au-delà, via les réseaux de Penguin, les fans raconteront leurs souvenirs liés à Alaska. » Green et Strauss-Gabel ont tous deux eu un aperçu des premières réponses à cette campagne. « Chacune d’entre elles m’a donné envie de pleuré » dit Strauss-Gabel. « Beaucoup de gens qui ont construit ce livre avec moi sont toujours dans l’équipe aujourd’hui. On a un passé commun, c’est comme une famille. C’est ce livre qui a fait de moi une éditrice. Il était scintillant, brillant et merveilleux. On ne s’en rend compte à quel point c’était inhabituel et spécial qu’en regardant en arrière. » John Green a aussi été touché par les réactions. « Looking for Alaska a un public plus passionné que mes autres livres », dit il. « Quand les gens s'y prennent, c’est de façon très intense. » Alors que l’année anniversaire d’Alaska débute, Green s’est rendu sur le tournage de l’adaptation de son livre écrit en 2008 Paper Towns, filmé en Caroline du Nord. « J’essaye d’écrire, mais c’est dur en ce moment. » dit il. « Mais cela a toujours été dur. Je suis sûr que je continuerai l’an prochain. Je travaille sur le film et le Project For Awesome, et mon job de tous les jours : créer du contenu éducatif pour la web série Crash Course. Ce n’est que du travail que j’aime faire, j’ai tellement chance. Mais j’aime écrire, et ça me manque. »

Article de Publishers Weekly traduit par Marie B., merci à elle ! Merci de créditer John Green France.

  Voici les images publiées sur le Tumblr depuis son lancement...


  John Green a répondu à quelques questions sur son Tumblr...

Que ressentez-vous 10 ans après ? >>>

 Larmoyant. Je ne peux pas croire que ce livre minuscule ait trouvé sa place dans ce monde depuis si longtemps. Je n'aurais jamais pensé qu'il serait encore imprimé 10 ans après, et encore moins que des personnes honoreraient le livre par beaucoup de choses des rencontres aux tatouages. Les lecteurs de ce livre en ont fait bien plus que ce que j'ai fait - lui donner vie, une signification et des nuances qui allaient bien plus loin que tout ce à quoi j'avais pensé - et je suis juste tellement reconnaissant.

Allez vous faire Qui es-tu Alaska ? en film ? >>>

Ce n'est pas ma décision.
Il y a environ 10 ans, les droits pour le livre ont été achetés par Paramount. Ils les ont achetés pour toujours, donc ils les contrôleront toujours. En 2005, l'argent que nous avons gagné pour cela a changé ma vie. Ce n'était pas une super somme d'argent mais c'était plus facile pour nous pour aller à New-York ce qui a permis à Sarah d'aller à l'université. Donc je ne peux pas regretter cette décision.
Peut-être qu'un jour Paramount choisira de réaliser ce film. Ou peut-être pas. Je ne sais pas. C'était il y a 10 longues années, et durant toutes ces années il y a eu beaucoup de moments d'excitation et autant de moments de frustration que possible autour d'un potentiel film. Mais les droits ne sont pas les miens et ne le seront jamais.
J'ai été vraiment vraiment vraiment chanceux avec les deux films Nos étoiles contraires et Paper Towns dans lesquels j'ai été inclus dans chaque partie du processus. Aucun de ces films n'est le miens, je n'ai aucun droit de véto sur rien, sur une décision du casting ou n'importe quelle approbation, mais ma voix a été la bienvenue dans la versation, même si elle comptait finalement moins. Pour ces deux films, ça a été une collaboration merveilleuse et un processus de création très ouvert. C'est très, très rare à Hollywood et je leur en suis très reconnaissant.

Qu'est-ce que vous n'imaginiez pas à la parution de Nos étoiles contraires trois ans plus tôt [paru un douze janvier également] ? >>>

D'abord, pour remettre en contexte : j'ai signé environ 155 000 exemplaires pour essayer de m'assurer que le premier tirage entier serait dédicacé.
Mais seulement 68 000 de ces 155 000 livres dédicacés étaient alors vendus avant le 10 janvier 2012, et je savais par expérience (tristes tristes expériences !) que les livres ne sont en réalité pas vendus durant leur premier tirage.
Ce qui arrive en fait est que les librairies ne vendent pas tout ce qu'ils ont commandés et retournent beaucoup d'exemplaires. Ceux-là sont alors "pilonnés", ce qui signifie qu'ils sont recyclés ou brûlés mais dans tous les cas détruits.
Donc quand je signais ces 155 000 livres, je pensais "OK, la plupart de ceux-là n'iront pas à des personnes qui ont pré-commandé le livre mais dans des librairies et beaucoup ne seront pas vendus et seront sûrement détruits."
Donc durant les trois mois entiers durant lesquels je signais ces pages, j'espérais donc principalement que le livre se vendrait si bien que seulement un pourcentage plutôt réduit de mes dédicaces éviteraient la destruction.
Ca n'a jamais traversé mon esprit qu'il pourrait y avoir un second tirage du livre. Je veux dire, 155 000 exemplaires c'était plus que tous mes livres vendus en grand format rassemblés et multipliés par deux.
Donc qu'est-ce que je n'avais pas imaginé ? Je n'avais pas imaginé que trois ans plus il y aurait un film ou une parodie ou un show de célébration au Carnegie Hall marqué complet avec mon groupe préféré. Je n'espérais pas que ce livre se vendrait entièrement à son premier tirage, et encore moins qu'ils trouverait des millions de lecteurs à travers le monde.

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